La chapelle de Penvern reçoit cet été le peintre Râmine, observateur des civilisations maritimes et spécialiste des mémoires portuaires, qui expose à la chapelle ses peintures des phares de Bretagne. Dans ce cadre une conférence a été organisée ce 5 août à 18h où Gérard Raoul a incarné la vie dans ces phares.
Il a fait ses débuts en 1979 aux Phares & Balises en tant que gardien du phare des Triagoz en face de Trébeurden. Par la suite, il a gardienné les autres phares des Côtes d’Armor, notamment le phare des Sept-Îles, les Héaux de Bréhat et les Roches-Douvres,… Avec l’automatisation, il a poursuivi ses missions dans la maintenance des équipements lumineux de la signalisation maritime.
Cette conférence a rencontré un franc succès tant ce métier de gardien de phare continue à fasciner le public. La chapelle était pleine avec près de 150 personnes. Même avec des bancs ajoutés en dernière minute, certains auditeurs ont du rester debout.

Avec une grande simplicité Gérard a présenté quelques souvenirs de sa vie dans les phares, puis donné des détails sur son activité de responsable des services techniques de Lézardrieux.
Il a beaucoup oeuvré dans le phare des Triagoz. A ses débuts les feus étaient alimentés au pétrole et le mécanisme d’horlogerie faisant tourner la lanterne avec une stricte régularité devait être remonté toutes les trois heures. Deux personnes gardaient le phare en même temps. La relève avait lieu une fois par semaine permettant de faire « monter »un nouvel effectif et d’en faire revenir un autre à terre, ainsi bien sûr que d’approvisionner le phare. Parfois le temps agité empêchait le bateau de relève de sortir de la passe de Ploumanach et c’est alors le canot de la SNSM qui assurait la relève. Aux Triagoz celle-ci était réalisée à marée basse, période à laquelle l’annexe du bateau de la relève pouvait accoster à une petite cale situéeà la base du phare.
Lorsqu’il y avait des tempêtes, le phare vibrait, mais ne bougeait pas. La porte d’entrée était montée sur des gonds, comme une porte de saloon. Les paquets de mer entraient alors au rez-de-chaussez. Pour passer devant la porte Il fallait attendre que le premier paquet de mer se soit fracassé sur le phare pour passer rapidement avant l’arrivée du second.
Et puis la modernisation est arrivée, l’électronique a remplacé le pétrole, les éoliennes et les panneaux solaires ont fait leur apparition. Il y eut même un projet de construction d’un ascenceur dans un phare récent, projet finanalement abandonné, que se serait-il passé si « les gardiens restaient coincés dans l’ascenceur ? »
Enfant de fermiers bretons, Gérard s’est tourné vers le métier de gardien de phare surtout pour « ne pas se retrouver à Paris ». Il a apprécié cette vie de grands vents et d’espaces infinis. Il s’est satisfait de son côté monacal, « je suis un homme calme » nous dit-il et c’est plutôt lors des retours à terre qu’il affrontait les difficultés : la foule, l’agitation,les enfants…
Aujourd’hui la fonction de gardien de phare n’existe plus formellement mais les équipes des phares et balises continuent à maintenir en bon état de marche non seulement des phares eux-mêmes mais aussi de toute une kyrielle de tourelles, bouées, espars qui assurent toujours la sécurité maritime.
Une dernière anecdote en partant : un jour que Gérard avait été déposé pour une journée de maintenance sur un phare automatique, le bateau venant le récupérer n’a pas pu accoster à cause de la houle. Comme il ne voulait pas passer la nuit dans le phare qui n’était plus habité et où il n’y avait donc rien à manger, il décide de se faire passer une bouée attachée au bateau par une corde, et hop, à l’eau pour rejoindre le navire !
La conférence annoncée dans la presse
Exposition Râmine
L’exposition de Râmine à la chapelle de Penvern se déroule jusqu’au 14 août 2025 ; elle est ouverte chaque jour de 15 h à 18 h 30.
Toutes les informations sur l’exposition ici.