CHARLES LE GOFFIC, né en 1863 à Lannion, où il est décédé en 1932, est un poète et romancier dont l’œuvre célèbre la Bretagne. Il a donné son nom à un collège de Lannion, mais de nos jours, même en Bretagne, même sur la Côte de Granit Rose, où il vécut son enfance, puis tous les étés lorsqu’il fut devenu adulte et qu’il vivait l’hiver à Paris, il est peu lu et peu connu.
Pourtant son roman Le Pirate de l’île Lern, publié en 1912, puis en 1918, est palpitant, mêlant réalisme, fantastique et enquête policière. Notre Dame de Bon-Secours est l’héroïne tutélaire de l’histoire que vivent les personnages dans cette œuvre
Sa chapelle, à Penvern, est le lieu essentiel où se déroulent les évènements dramatiques et angoissants des quatre premiers chapitres du récit. Il commence par une description de la chapelle telle qu’on pouvait la voir au début du vingtième siècle, ou telle que l’a vue Charles Le Goffic.
Notre-Dame de Bon-Secours, en Penvern, habite dans les glaïeuls, sous la feuillée, au bord d’un ruisseau qui descend à la mer et que la mer remonte deux fois par jour. A peine si l’on s’aperçoit de cette visite du flux, tant elle est discrète et marquée seulement par un léger bruissement des herbes. Le flot ne veut que saluer Marie. Dès qu’il a baisé le pied de sa chapelle, il s’en retourne vers les grands horizons.
Celui qui connaît la chapelle peut s’étonner qu’elle soit décrite « sous la feuillée ». Mais des représentations anciennes nous montrent qu’autrefois des arbres élevés se trouvaient devant l’entrée de la chapelle, la plaçant dans un berceau de verdure.

Le premier chapitre nous plonge immédiatement dans une atmosphère angoissante. En pleine nuit, le recteur de Pleumeur-Bodou a envoyé son sacristain prévenir les foyers de Pleumeur et de L’Ile Grande qu’une messe des morts va être célébrée à la pointe du jour dans cette chapelle.
Brusquement, en pleine nuit, la nouvelle s’était répandue, sur la côte et dans les îles que la mer venait de rendre un de ses prisonniers […] Mais la nouvelle avait surtout retenti au cœur de neuf familles cruellement éprouvées, l’année précédente, par la perte, corps et biens, d’un brick baleinier, « L’Aimable Elisa », que commandait le capitaine-armateur Jacob Stilling-fleet de Gravelines, (Nord) et dont un tiers de l’équipage appartenait à la région de Penvern et de L’Ile Grande.
Le miraculé a fait vœu de rester inconnu de l’assistance tant que n’aura pas été célébrée cette messe des morts. Voici ce qu’il a révélé, la tête cachée dans un sac, au recteur de Pleumeur.
L’Aimable Elisa ne s’est pas perdue au large des Açores, mais tout près d’ici, presque à son entrée dans la Manche, le 8 septembre, vers les deux heures du matin. Sur les trente-deux hommes de l’équipage, il n’en restait plus que onze, y compris le capitaine, et, par surcroît de malchance, trois de nos camarades furent enlevés par un paquet de mer. […] A ma sortie de l’hôpital, je me suis rappelé le vœu que nous avions fait, les survivants de L’Aimable Elisa et moi, si la Sainte Vierge nous tirait du pétrin, de ne pas nous déclarer à nos familles avant d’avoir assisté, en leur présence, à une messe pour le repos de l’âme de nos camarades enlevés dans la nuit.
Ainsi démarre le roman qui se déroule ensuite essentiellement à L’Ile Grande, et en particulier, à l’île Lern, appelée aujourd’hui l’île du Renard, îlot désolé que l’on peut voir depuis la LPO de L’Ile Grande, tout près de l’île Aganthon (ou Canton).
Il s’agit certes d’un roman, mais dont l’histoire a sûrement été inspirée à Charles Le Goffic par les légendes de marins miraculeusement sauvés et venus remercier Notre-Dame de Bon-Secours. Elle rappelle aussi la dévotion dont les marins et leurs familles faisaient preuve envers elle, ce dont témoignaient les nombreux ex-voto présents autrefois dans la chapelle de Penvern.
Signé : Josette
NB : pour les lecteurs intéressés le livre est toujours disponible chez son éditeur Le Pirate de l’île Lern (édition illustrée) – editions-des-regionalismes ou sur des sites comme celui de la FNAC .
